L'épicuriste No 01. - Black Brotherhood - Chers Frères Noirs
Les cercles de sociabilité noirs, un héritage de longue date pour s'aimer soi-même
La fraternité noire est une longue tradition héritée de nos pères, en Afrique et dans les diasporas, qui formèrent des cercles de sociabilité dédiés à la culture du leadership et de l’excellence académique afin d’assurer l’autodétermination des peuples noirs et d’armer les générations futures contre les stéréotypes, les discriminations et le racisme ordinaire. Cet héritage, nous le perpétuons en souvenir de ceux qui nous ont précédé, et pour nous célébrer mutuellement.
Mohamed Ali et Sam Cooke – Une complicité dans la cause comme dans la vie
Les rencontres publiques de ces deux figures historiques donnaient souvent lieu à des échanges au cours desquelles l'un et l'autre s'élevaient mutuellement dans leur vocation propre. Sam Cooke, le « king of Soul » et Mohamed Ali, l’un des plus grands boxers que le monde ait connus, entretenaient une véritable « bromance ». Ali était un fan de la musique de Cooke, et Cooke appréciait toujours un bon match de boxe (en particulier les combats d'Ali). Leurs engagements respectifs et sans faille pour les droits civiques a sans aucun doute contribué à consolider cette complicité dont on retient les quelques clichés illustrant ces moments privilégiés, et même un extrait dans lequel, nos deux icônes poussent la chansonnette. Deux hommes noirs affirmant la virilité et l’humanité l’un de l’autre dans un environnement qui essayait de les abattre.
Intellectuels et étudiants noirs à Paris à la veille des indépendances
En 1931, inscrit en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand, Césaire rencontre ses premiers condisciples africains. L’un d’entre eux, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, son aîné de quelques années, qui deviendra écrivain et président de son pays, aura une influence déterminante sur le Martiniquais. Ils deviennent très vite amis. Senghor le présente à d’autres étudiants africains, et surtout, lui qui est profondément attaché sa culture traditionnelle, lui parle de l’Afrique réelle, non déformée par la vision coloniale. Ces échanges seront déterminants pour Césaire. En mars 1935, Aimé Césaire lance la publication de « L’Etudiant noir », une revue fortement influencée par le surréalisme et la culture africaine, qui jettera les bases du futur mouvement de la négritude. La Martiniquaise Suzanne Roussi, qui épousera plus tard Césaire, le Sénégalais Senghor et le poète guyanais Léon Gontran Damas y participent activement. L’Etudiant noir s’intéresse également beaucoup à la situation des Noirs Américains et aux créations culturelles de la "Harlem Renaissance".
En novembre 1947 naissait la revue Présence africaine, vitrine intellectuelle du monde noir en France, fondée par le Sénégalais Alioune Diop (1910 – 1980), qui fut notamment sénateur sous la IVe République française. A l’époque, dans le Paris de l’après-guerre, Africains et Antillais s’éveillent aux idées du panafricanisme, influencés notamment par l’Afro-Américain W.E.B DuBois, le Jamaïcain Marcus Garvey, le Ghanéen Kwame Nkrumah et le Trinidadien George Padmore. Dans cette ébullition intellectuelle, Alioune Diop décide de faire entendre la voix de l’Afrique et des Antilles. Dans le texte de présentation du premier numéro de la revue, il explique sa démarche : publier des études africanistes sur la culture et la civilisation noire, et passer en revue les « œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir ».
Les organisations fraternelles sociales pour étudiants noirs aux Etats-Unis
Les fraternités et les sororités en Amérique du Nord sont la porte d’entrée de puissants réseaux de carrière après l’université, un levier de contacts et d’appuis qui est un des rouages du clientélisme à l’américaine. Une grande partie des président américains sont d’ailleurs passés par une fraternité. Parmi les frères Delta Kappa Epsilon célèbres figurent les présidents des États-Unis Rutherford B. Hayes, Theodore Roosevelt, Gerald Ford, George H.W. Bush et George W. Bush.
On y apprend les piliers de l’élite du pouvoir : savoir manier le secret, jouer de son pouvoir vis-à-vis des autorités universitaires, locales, et des autres étudiants. Et mettre en pratique l’élitisme dans le rapport aux autres.
Ces clubs jouent sur le secret en limitant l’accès aux garçons membres et à certaines filles. De la même manière, les rites initiatiques sont à la fois montrés et camouflés. Et c’est tout ce jeu autour du secret qui est un instrument de pouvoir. C’est un des piliers de la socialisation élitaire que ces clubs fournissent à leurs jeunes membres.
Fondée le 15 mai 1904, la Fraternité Sigma Pi Phi, également connue sous le nom de Boulé, qui dans la Grèce antique était un « Conseil des chefs », est la plus ancienne fraternité post-universitaire de lettres grecques fondée à l'origine par, et principalement pour, des hommes professionnels noirs éminents et plus tard des hommes professionnels similaires d'origine africaine à travers le monde. Ses fondateurs étaient six hommes, quatre médecins, un dentiste et un pharmacien, alors étudiant en deuxième année en médecine.
Parmi les membres de Sigma Pi Phi: WEB Du Bois, leader des droits civiques et l'un des fondateurs de la NAACP; Le révérend Martin Luther King Jr. ,Robert J. Abele, fondateur de Sigma Pi Phi et frère de Julian Abele , qui a été l'architecte principal de l'Université Duke; l'ancien président de la NAACP, Kweisi Mfume ; Ralph Bunche , ambassadeur des Nations Unies ; Andrew Young , leader des droits civiques et maire d'Atlanta ; Maynard Jackson , maire d'Atlanta; Douglas Wilder , gouverneur de Virginie ; Kenneth Chenault , un PDG d'American Express ; Bobby Scott ; CO Simpkins, Sr .; Ken Blackwell ; Eric Holder , procureur général des États-Unis ; Ron Brown ; Vernon Jordan ; Arthur Ashe ; Mel Watt ; et John Baxter Taylor, Jr. , le premier Afro-Américain à remporter une médaille d'or olympique.
Le Boulé est considéré comme le “père” des fraternités noires qui composent « The Divine Nine » (Alpha Phi Alpha, Kappa Alpha Psi, Omega Psi Phi, Phi Beta Sigma, Iota Phi Theta, Alpha Kappa Alpha, Delta Sigma Theta, Zeta Phi Beta et Sigma Gamma Rho). C’est ce qu’on appelle le National Pan-Hellenic Council, une organisation regroupant neuf fraternités et sororités étudiantes afro-américaines historiques.
En réponse à la ségrégation raciale et à la privation du droit de vote qui empêchait les étudiants noirs d'entrer dans les sororités et fraternités précédemment établies et à prédominance blanche, ils ont décidé de créer leurs propres organisations. Ils se sont engagés à créer des espaces pour les étudiants noirs afin de promouvoir l'alliance, la responsabilité académique et les bourses de service au sein de leurs organisations respectives.
Fondée le 4 décembre 1906 sur le campus de l'université Cornell à Ithaca, Alpha Phi Alpha est la 1ère fraternité afro-américaine interuniversitaire. La fraternité utilise des symboles et des icônes empruntés à l'Égypte antique pour se représenter.
La fraternité Alpha Phi Alpha a joué un rôle historique singulier au sens où elle s'est activement impliquée dans de nombreux épisodes de l'histoire des États-Unis en n'hésitant pas à monter au créneau dans des moments clés tel la crise de 1929, la Seconde Guerre mondiale ou les mouvements pour les droits civiques, ainsi que sur les questions sociales auxquelles sont confrontées les personnes de couleur, comme l'apartheid, les problèmes de logement et tous les problèmes d'ordre économique, culturel et politique spécifiques de la communauté noire.
La fraternité a rassemblé depuis ses débuts plus de 175 000 membres : 60 % des médecins, 75 % des avocats et 65 % des dentistes masculins noirs étaient membres d'Alpha Phi Alpha, et 95 % des universités noires ont, ou ont eu, un président membre d'Alpha Phi Alpha.
La référence constante d'Alpha à l'Éthiopie dans les hymnes et les poèmes montrent plus avant l'inspiration profonde qu'Alpha Phi Alpha tire de ses racines culturelles africaines. Les hommes d'Alpha ont largement contribué à la création et au management de la NAACP.
Comment les salons de coiffure afros deviennent des espaces sûrs où les hommes noirs peuvent s’exprimer sur la santé mentale
Pour beaucoup d'hommes noirs, le salon de coiffure a une signification culturelle bien plus large que d'être simplement un endroit où aller quand vos cheveux ont l'air négligés. Les hommes noirs socialisent plus souvent au salon de coiffure que leurs homologues blancs et asiatiques. Le coiffeur, pour nous hommes noirs, c’est comme un rite de passage, un endroit pour découvrir les nouvelles coiffures, apprendre à débattre, se mêler aux autres générations, parler de sport ou encore de politique. C’est également un des rares espaces publics où on peut se faire dorloter tout en étant toujours considéré comme viril.
Si les salons de coiffure jouent un rôle aussi important non seulement dans notre culture, mais aussi dans notre bien-être mental, cela vaut la peine d'en parler. En Amérique, plusieurs initiatives proposent de repenser ces espaces comme des endroits sûrs où les hommes noirs peuvent librement parler de santé mentale : drames familiaux et relationnels, études, carrière, dépression, etc.
Aux Etats-Unis, The Confess Project est une organisation à but non lucratif qui utilise des barbiers et les salons de coiffure à travers le pays pour se connecter avec les hommes noirs et sensibiliser sur la santé mentale. Grâce à un programme de 12 mois, les barbiers et coiffeurs sont formés à l'écoute active, à la validation des émotions et des préoccupations des clients et à l'utilisation d'un langage positif pour lutter contre la stigmatisation liée à la santé mentale. Ils se renseignent également sur les ressources en santé mentale de leur région vers lesquelles ils peuvent diriger les clients.
Quelques initiatives dans l’hexagone:
Réseau Black Network - un réseau d'affaires et d'entraides entre les Africains et Afro-descendants. @blacknetwork_officiel